lundi 21 novembre 2011

Philosophie de comptoir : le sens du travail.


Autrefois, dans les villages, chaque métier montrait son utilité par le simple fait qu’il existait. Le boulanger, le bourrelier, le ferblantier, vivaient parce qu’ils étaient nécessaires à la communauté. Ils rendaient le service attendu, étaient payés en conséquence et en fonction de leur compétence et ça roulait.

Aujourd’hui, pour des raisons qu’un sociologue expliquerait mieux que moi mais ce n’est pas le sujet du jour, tout un chacun réclame le droit au travail. Comme ces échanges économiques directs qui animaient la vie d’autrefois dans les microsociétés qu’étaient les villages ruraux ne sont plus applicables dans nos sociétés d’économie mondialisée, le droit au travail (sans doute légitime) génère des activités qui ne montrent plus cette utilité apparente. Lorsque le boulanger le soir compte sa caisse, il sait que l’argent gagné correspond à une quantité de travail fourni et payé librement par ses clients. Il connait parfaitement la valeur ajoutée de son métier. Il connait la valeur de chaque pain qu’il a pétri et cuit dans son four.

En revanche, lorsqu’un employé d’une grande administration ou d’une grande entreprise produit des rapports et des états à longueur de journée, il est incapable de savoir si son activité quotidienne vaut le salaire qu’on lui verse. Il le saurait si l’on pratiquait encore comme dans les temps jadis à faire payer chaque prestation en direct. Du coup, s’il s’interroge sur la valeur ajoutée de ses tâches quotidiennes et s’il ne trouve pas de réponse satisfaisante, il peut alors à juste titre s’interroger sur le sens de son boulot. Questions métaphysiques qui passaient bien au dessus du pétrin du boulanger d’autrefois.

- Pardon, qu’est-ce que je veux démontrer par là ?

- Rien sinon que le travail se justifie d’abord par le service que l’on rend aux autres.

Tout le monde se souvient du film de Pagnol « La femme du boulanger ». Celui-ci, complètement déprimé par la fuite de son épouse en compagnie du beau berger de passage, décide de ne plus faire de pain.

Panique à bord, la vie au village devient impossible.

- Que dites-vous ? Est-ce que je me suis déjà demandé ce qui se passerait dans mon village si j’arrêtais de travailler ?

Heu, je préfère pas !

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