vendredi 15 mars 2013

Audit interne : mettre les audités en situation.



Lorsqu'un audité vous explique ce qu'il fait, n'oubliez pas de le mettre en situation de travail. Vous lui demanderez d’effectuer devant vous des opérations de production, de contrôle, de recherche de documents, de traitement d’un dossier, etc. Bien entendu, vous le ferez avec tact. Il ne s’agit pas de vociférer :
- Faites immédiatement un contrôle devant moi que je m’assure que vous ne m’avez pas menti !
Vous direz plutôt (avec une voix d’hôtesse de l’air) :
- Concrètement, comment opérez-vous un contrôle ? Je serais curieux de voir cela.
Vous avez saisi la différence ?
Et c’est à ce moment-là que, sous vos yeux étonnés, apparaîtra l’écart (pardon, la piste de progrès).
Hé oui, vous constaterez que le travail n’a pas été fait, que le travail ne sert à rien, que le travail est fait à l’inverse de ce qui vous a été expliqué un peu plus tôt, que le travail n’est pas contrôlé, que le risque de dysfonctionnement n’est pas connu, que l’enregistrement important n’a pas été fait, que les responsables concernés ne sont pas souvent présents dans les revues de projets, que les revues n’ont pas eu lieu, que les prévisions ne sont pas faites ou faites un peu trop tard, que les indicateurs ne sont pas pertinents, que les écarts ne font pas l’objet de réflexion ni d’analyse, que l’on explique ce qui ne va pas au lieu de corriger les dérives, que les commerciaux touchent des primes pour fourguer les nanars invendables au détriment des attentes des clients, qu’il n’y a pas de bonne pratique d’accueil téléphonique, que les problèmes quotidiens ne sont pas enregistrés, que les revues de processus sont d’une banalité surréaliste, que les instruments de contrôle ne fonctionnent pas, qu’ils ne sont pas là, que tout le monde ignore les orientations de la politique qualité ou environnementale, que les cadres ignorent les impacts majeurs sur l’environnement, que les responsables ne savent pas combien coûtent les données de sortie de leurs processus, que les clients internes n’ont jamais exprimé leurs attentes ni leur niveau de satisfaction, que le SAV est considéré comme un business très rentable, qu’on achète des fournitures en Asie (ou ailleurs) en se contentant de certificats de conformité sans aucune garantie d’authenticité, que les opérateurs ne portent pas leurs gants ou leurs lunettes, que les méthodes d’identification des dangers présentent des lacunes importantes, que celles relatives à l’évaluation des risques ne sont pas pertinentes, que des responsables ne connaissent pas la réglementation qui les concerne, que les enquêtes de satisfaction des clients affichent un taux de contentement de 99.99 % à la manière des résultats des élections de très démocratiques dictatures, que seules les réclamations écrites sur papier gaufré sont prises en compte, que les intérimaires sont formés à leur embauche en deux minutes et trente secondes, que c’est un stagiaire de l’école de commerce voisine qui est chargé de la mise en place de l’HACCP, que ce n’est pas le patron qui a écrit sa politique qualité, que certaines personnes ignorent que l’entreprise est certifiée ISO 9001 et 14001 depuis trois ans, etc.
Je continue ?
Non ! Je ne suis (hélas) pas payé à la page sinon vous auriez droit à une encyclopédie des écarts (pardon, des pistes de progrès) en douze volumes.
Vous découvrirez alors une grande loi de la vie des organisations à savoir que les gens vous disent ce qu’il doivent faire mais qu’ensuite ils font ce qu’ils ont l’HABITUDE de faire et c’est souvent différent de ce qu’ils disent.
  

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