Normalement, en principe, si nous étions tous des êtres
raisonnables et responsables, notre travail d’auditeur s’arrêterait à la fin de
la réunion de clôture, lors de la remise du rapport d’audit et après que
l’audité vous a remercié chaleureusement et sincèrement de l’aide que vous lui
avez apportée par vos questions justes, avisées, perspicaces, pertinentes,
futées, diplomates, subtiles, expertes, adroites, lucides, clairvoyantes,
pénétrantes, congruentes, habiles, aiguës, appropriées, fondées, sagaces,
adéquates, en un mot disons-le : intelligentes.
Comme ce n’est pas le cas puisque nous ne sommes pas des
êtres raisonnables – et il ne faut pas vous endormir même lorsque mes phrases
sont un peu longues – nous devons encore donner de notre personne.
D’abord, il existe encore, dans de nombreux organismes, une
règle qui donne à l’auditeur le droit de valider le plan d’actions proposé par
l’audité. Je m’insurge contre de telles pratiques. Rendez-vous compte de la
confiance accordée aux audités. Nous sommes à nouveau au temps de la théorie X
et des contrôles. Non, Mesdames, non, Messieurs, cela n’est pas acceptable.
L’audité est seul juge des actions qu’il doit mener. Elles sont enregistrées
dans une base de données et nous souhaitons que notre patron jette de temps à
autre un œil sur les rapports d’audits et sur les actions qui en découlent afin
de rappeler à l’ordre les audités qui ne seraient pas dans le droit chemin de
l’amélioration continue. C’est son travail, pas le nôtre. Nous n’avons aucune
compétence – nous sommes des « non-sachant », dois-je le rappeler –
pour juger de la pertinence d’actions de progrès dans des domaines d’activités
qui ne sont pas les nôtres. Nous n’avons aucun pouvoir hiérarchique sur les
pilotes qui ont promis des actions de progrès. C’est à notre patron de faire
pression sur les audités pour qu’ils tiennent leurs promesses. Vous avez là
d’ailleurs un excellent marqueur (comme on dit en médecine) pour manifester
l’implication de votre direction dans le management de la qualité.
Je signale au passage que cette pratique provient des audits
tierce partie. Les procédures prévoient en effet que les propositions des
audités soient revues et validées par les auditeurs. Dans ces cas-là, cela se
justifie un peu parce le jeu n’est pas le même que dans les audits internes. La
confiance est difficile voire impossible à faire passer dans la mesure où
l’organisme qui vise une certification veut avant tout l’obtenir sans écart
majeur et fait souvent un peu (beaucoup) d’obstruction aux investigations des
auditeurs. Ceux-ci se retrouvent dans ce jeu que nous souhaitons éviter dans
les audits internes bienveillants, celui du chat et de la souris. De plus comme
les modèles (critères d’audits) le plus souvent utilisés sont les critères des
référentiels, l’auditeur retrouve là sa casquette d’expert et il est incapable
de jouer son vrai rôle de non sachant.
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