Entendu sur France Culture une interview de Christophe DEJOURS, médecin-psychiatre et professeur au CNAM, auteur (entre autres) d’un bouquin intitulé « Souffrance en France ».
Il explique que les liens entre travail et suicide sont parfois incontestables. Il explique qu’il ne faut en conclure que le travail est une chose nuisible pour l’homme bien que Francis Blanche ait affirmé dans cet esprit qu’il n’est pas fait pour lui puisque ça le fatigue. Il explique que le travail apporte de nombreux avantages (je n’ose utiliser le terme de « bénéfice ») à l’être humain et ce n’est pas Maslow ou moi même qui le contredirons.
Il explique (c’est ce que j’ai compris) que le travail nous met toujours en situation d’échec et, par conséquent, il est générateur de stress. Travailler, c'est forcément échouer parfois et échouer, c'est souffrir. Nous sommes en permanence confrontés à des problèmes et les solutions que nous trouvons à ces problèmes sont des rejetons de nos échecs. La vrai souffrance, celle qui conduit à des actes irréparables, provient des suites que l'on donne à ces échecs que l’on subit régulièrement. Tout au moins de l’usage qu’en font les managers. S’ils utilisent ces échecs pour faire grandir les intéressés (c’est en se trompant que l’on progresse, on apprend par ses erreurs, etc., vous connaissez la chanson), ce stress peut s’avérer positif et nous aider à devenir plus expérimentés, plus compétents, bref, plus performants. En revanche, s’ils utilisent l’échec pour blâmer ou punir ou dévaluer l’intéressé, ce stress peut engendrer effectivement de la maladie, des accidents et parfois des suicides.
Vous pouvez voir une
conférence de ce monsieur sur Daily Motion mais je vous propose d’y aller via un lien qui donne en plus un petit commentaire utile.
Il y a deux interventions et la seconde est la plus intéressante car elle traite de ce sujet. Il parle encore des évaluations individuelles qui sont une véritable catastrophe pour l’esprit d’équipe et l’entraide et je partage cet avis complètement. L’évaluation doit se faire à travers l’activité et les résultats d’une équipe mais pas d’un individu.
Il parle enfin de la qualité totale comme étant à l’origine de bien des maux et là, vous avez compris, je ne partage plus. A mon avis, il ne connaît pas bien ce sujet. A un moment, il se rattrape un peu quand il évoque la qualité totale comme un idéal. Là, on se rejoint. Il est impossible de travailler pour les autres si l’on n’est pas guidé par un idéal de service. Si l’on pense qu’on en fait bien assez pour ces cons d’usagers ou pour ces cons de clients, on est mal partis. C’est déjà une attitude bien assez répandue chez certains travailleurs du privé ou du public.
Aiguillonnant, non ?
1 commentaire:
J'ai l'impression que pas mal d'auditeurs et de qualiticiens ne se rendent pas tout à fait compte des impacts quotidiens des méthodes qu'ils prônent aux entreprises.
Dans la théorie, j'arrive à comprendre, et même à adhérer à l'idée d'amélioration continue. Dans la pratique, en tout cas celle que je connais, cela ne peut se faire que sous la pression des employés, sauf à ce que la Direction s'implique très fortement et je n'ai pas l'impression que c'est souvent le cas.
Y a-t-il des exemples d'entreprises qui perdent leur certification ISO ? Peu, je crois.
Par contre, de nombreux employés "subissent", eux, les "pistes de progrès", "points d'améliorations" et autres métaphores positives qu'on (auditeur) utilise pour faire semblant de ne pas être méchant.
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