J’ai entendu récemment, dans un audit, le responsable du périmètre audité s’exclamer :
- Nous demandons régulièrement à nos clients leur avis sur notre manière de les servir.
Cette rare façon d’utiliser ce verbe m’a rendu songeur car il (ce verbe) a hérité du passé — à mon avis — une connotation excessivement négative. Les termes « servir » et « service » sont en effet assez mal vus du commun des mortels.
Pour s’en convaincre, il suffit simplement d’ouvrir un dictionnaire et d’y lire les définitions. Les différents sens des mots « servir » et « service » sont nombreux. Pour ce qui concerne le poids du passé, on peut se référer au Littré qui nous dit :
Service : état, fonction d’un domestique.
Cela démarre très fort !
Plus moderne, le Larousse nous informe que « servir », c’est :
S’acquitter de certains devoirs, de certaines fonctions envers quelqu’un, une collectivité. Servir sa patrie, servir Dieu, servir l’Etat.
Mais c’est aussi :
Vendre, fournir des marchandises.
Donner des soins à quelqu’un, s’y consacrer.
Être utile, profitable à quelqu’un.
Raconter, débiter, donner la mort (en vénerie).
Présenter les plats, etc.
Pire encore, les métiers dérivés de « servir » ou de « service » ne sont pas auréolés de prestige. Par exemple : serviteur, servante, serveur. Encore plus pire ( !) : l’étymologie. « Servir » vient du latin « Servitium » qui signifiait « esclavage » et qui a dérivé en serf, servage, servitude, etc. L’esclave en latin était nommé « servius » et être asservi s’écrivait « servire ».
Ce n’est donc pas étonnant, bien que, comme disait ma chère grand-mère, il n’y a pas de sot métier, que l’on ne trouve pas de grandeur dans l’acte de servir mis à part lorsque cela s’applique à l’état ou à l’église. Et encore, dans ces cas de figure il est question essentiellement de « devoir ».
Nulle part dans les définitions officielles il n’est fait mention de la relation entre celui qui travaille (qui exerce honorablement son métier) et celui qui profite des fruits de ce travail autrement dit entre celui qui donne (ou qui vend) et celui qui reçoit (ou qui achète), le client quoi !
Imagine-t-on de dire à un collègue qui utilise le rapport que nous produisons régulièrement :
- T’ai-je bien servi cette semaine ?
Non n’est-ce pas.
Et pourtant c’est ce que nous faisons tous à travers nos activités professionnelles. Nous servons les autres, nous leur apportons des produits, des biens de consommation, de la culture, des renseignements des expertises, des voyages des divertissements, des routes, des maisons,
Etre au service de quelqu’un ce n’est pas être asservi par ce quelqu’un. C’est au contraire apporter une prestation de professionnel à qui en a besoin.
N’oublions pas qu’au bout de notre travail, il y a toujours un client que l’on sert.
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Il y a 1 an
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