Ce changement culturel n’est pas simple à faire passer car depuis des
décennies, nous vivons avec une culture du diplômé. Celui qui qui possède un
master est forcément plus intelligent que celui qui n’a qu’un CAP. Or en
affirmant que c’est celui qui fait qui sait, tu renverses la vapeur. Et c’est
dangereux car si tu commences à réfléchir avec ton cerveau et si tu n’agis plus
comme un mouton de panurge reproduisant bêtement ce que l’on t’a dit de faire,
tu vas remettre en question un certain nombre de pseudo certitudes. Par exemple
que les chefs sont indispensables. Tu crois que l’artisan a besoin d’un
chef ? Dès l’instant où on te confie une tâche que tu accomplis seul, on
considère que tu possèdes la compétence et on doit te ficher la paix. L’activité
d’un chef consiste le plus souvent à demander des comptes à ses collaborateurs,
à contrôler leur travail, à dire ce qu’il faut faire ou ne pas faire, à tenir
des réunions. JFZ explique que toutes ces activités hiérarchiques sont en fait
des produits de la mégalomanie des petits chefs.
Celui qui commande, parce que, en réalité les chefs existent encore
dans une entreprise libérée, celui qui commande disais-je est le client. Tu as
déjà entendu cette affirmation mais (hélas) dans la vraie vie, la demande du client (le
vrai chef) passe par le service commercial, qui la transmet à l’ADV qui la
communique aux méthodes, qui la confie à l’ordonnancement, qui la livre au responsable
de production, qui la donne à l’opérateur. Et ensuite, plus tard, le responsable de
production demande à l’opérateur combien de pièces il a fait ce matin, le
contrôleur combien de rebuts ont été constatés, le responsable du magasin veut
connaitre le poids de matière sortie du stock, le chef de la maintenance veut
qu’on l’informe des taux de pannes, etc. C’est normal me dit tu ? Ah oui ? Si on pense à nouveau à notre artisan, crois-tu qu’il a besoin de toutes ces fonctions de support
pour bien travailler ? Il écoute son client et il sait que pour gagner un
peu d’argent il doit réaliser la commande dans un temps déterminé qu’il est
capable de calculer seul et si un équipement tombe en panne, il va se
débrouiller pour en avoir un autre et la prochaine fois, il s’organisera pour
perdre moins de temps le cas échéant.
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