lundi 20 septembre 2010

Innovation : les brevets.


L’innovation a un peu de mal à pénétrer dans les mentalités communes et surtout dans celle des PME et des TPE qui pensent que cela ne les concerne pas. Je ne parle pas des grandes entreprises qui en France et en Europe n’ont pas (trop) à rougir de leurs concurrentes internationales. L’Airbus, le TGV et bien d’autres technologies d’avant-garde nous placent encore dans un peloton de tête même si nous n’occupons pas la première place partout loin s’en faut.
En revanche, dans les entreprises de taille plus modeste, celles où l’on ne trouve pas de fonction de recherche et de développement, ni même de bureau d’étude, ces entreprises là commencent à se faire un peu de mouron. Il est certain que dans cinq ans, nous ne vivrons pas comme aujourd'hui. Il est certain que les produits vont évoluer, que les habitudes des consommateurs vont changer, que le monde bougera encore et encore. Il est donc quasiment certain que les activités des entreprises seront différentes. A nous de ne pas prendre de retard, à nous de ne pas nous laisser distancer par la concurrence.
Or, aujourd'hui que l’innovation est revenue à l’avant de la scène économique, il me semble que nous la prenons encore par le mauvais bout. Ou plutôt que nous ne prenons pas en compte tous les bouts qui la constitue.
Je m’explique.
Chaque fois que l’on cherche des meilleures pratiques pour innover dans les entreprises, on nous répond « créativité. C’est bien et il faut commencer par là bien entendu. Cependant, il semblerait que la difficulté à innover ne réside pas dans cette phase primordiale et nécessaire, certes, mais non suffisante.
Un ingénieur d’une DREAL m’expliquait un jour que, sur une centaine de brevets déposés à l’INPI (Institut National de la Protection Industrielle), une dizaine seulement faisait l’objet d’une exploitation commerciale. Je ne suis pas sûr du chiffre et de mémoire, il me semble que c’est un peu moins que cela. Peu importe, je ne fais pas de statistique à ce sujet. C’est simplement pour expliquer qu’il y a une forte déperdition entre le nombre d’idées innovantes déposées et celles qui rapportent de l’argent en direct. Vous me direz que l’on peut déposer un brevet sans le commercialiser, uniquement pour empêcher un concurrent de gagner de l’argent. Cela représente un gain indirect mais ce n’est pas un cas des plus courants.
Posons comme hypothèse plausible que 10% des idées seulement sont exploitées commercialement.
Ce n’est pas tout.
On peut imaginer que pour dix brevets déposés, il y a peut être une centaine d’idées innovantes qui ont été générées mais non brevetées et cela représente encore un facteur de déperdition de un à dix. Si mes souvenirs de mathématiques ne sont pas trop dégradés, je calcule que sur 100 idées que l’on peut considérer comme intéressante, une seule va jusqu’au bout d’un développement commercial. Je ne compte même pas les idées de tous les professeurs Nimbus qui ne verront même pas la lumière extérieure du tiroir où elles sont rangées.
Cela condamne presque irrémédiablement les idées qui ne sont pas issues des entreprises elles mêmes (je parle bien entendu des PME et pas des grands groupes industriels). Ce n’est pas qu’elles ne valent rien mais elles ne prennent pas en compte les difficultés de production ou d’exploitation et de ce fait n’intéressent pas de primes abord les producteurs. D’autant plus que le dialogue entre un inventeur extérieur et un producteur est souvent difficile, tant les inventeurs ne souffrent pas de modification dans leur idée initiale.

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