jeudi 12 août 2010

On est foutu : où est le coût global ?


On entend parler du concept de coût global partout mais c’est comme l’arlésienne ou le serpent de mer ou mieux encore comme le disait mon cher et vénéré maître à penser François Cavanna :
« J’l'ai pas vu, j’l'ai pas lu mais j’en ai entendu causer. »
La notion du coût global va de pair avec une approche processus puisque celle-ci nous incite à penser … globalement. Hé oui, tout est lié dans une organisation et nul ne peut agir sans conséquence sur l’organisme entier.
Moi qui vous parle, je fais attention à manger à peu près correctement même si je fais quelques excès de temps à autres (j’aime bien). Mais ceci est une autre histoire comme disait Rudyard Kipling.
Bref, imaginons que je me nourrisse comme un inconscient, au moins cher possible pour manger plus. Il a fort à parier que la viande à 3 euros le kilo (oui j’en ai vu) soit certainement moins bien élevée que celle à 15 (du poulet par exemple). Il y a fort à parier que ma santé va en prendre un coût et que de ce fait, je devrai faire face à des dépenses non prévues (médecins, médicaments, etc.). De plus, cette santé défaillante m’enlèvera du tonus et donc de la capacité à travailler.
Je peux donc à ce stade de cette brillante (!!) démonstration m’interroger sur le bénéfice de mes achats.
Raisonnons ainsi pour l’entreprise. Récemment encore, le directeur commercial d'une entreprise cliente m’expliquait que, pour passer sur un marché sur lequel il était concurrencé, il a du acheter une partie des éléments de sa prestation en Chine.
Effectivement, son prix de revient a diminué (il était à 100, son concurrent à 80 et avec les fournitures chinoises il est passé de 100 à 70).
Il a acheté les fournitures chinoises à 10 comme convenu via le service Achats de sa boutique.
Mais :
- Son entreprise les a reçues en retard et a payé des pénalités à son client car le délai de livraison prévu a été dépassé(Cela ne l'a pas dérangé outre mesure car son service ne s’occupe pas de ces broutilles et cela n’a pas d’incidence sur ses indicateurs de performance au demeurant très bon puisqu’il a fait des économies et a permis d’avoir une affaire).
- Les fournitures étaient en partie non conformes. Il les a livrés quand même (pour ne pas aggraver le retard) mais quelques temps après, son entreprise a du en reprendre certaines. Cela ne l'a pas perturbé car son service ne s’occupe des avoirs et autres vétilles comptables.
- Plus tard encore le SAV de l’entreprise a enregistré quelques retours en réparation (gratuites bien entendu car sous garantie) mais il n’a pas été au courant et ce n’est pas le même budget.
Personne n’a jamais reproché au chef du service achats ni au commercial de cette entreprise ce comportement. Ils pensent avoir fait ce qu’il fallait en l’occurrence. L’affaire a été enlevée brillamment
A quel prix réel, personne n’en sait rien.
La plupart du temps, c’est incalculable avec les systèmes de comptabilité dont nous disposons.
Cette histoire est rigoureusement vraie.

Décourageant, non ?

1 commentaire:

Romuald RIVIERE a dit…

Les administrations se mettent également (re-mettent) au coût global.
OEAP a publié un guide pour un achat avec une vision globale http://www.minefe.gouv.fr/directions_services/daj/guide/gpem/cout_global/cout_global.pdf

Je n'ai pas eu le temps de le parcourir mais l'initiative si elle est suivie d'effet est à souligner