vendredi 23 avril 2010

Halte aux écarts documentaires !


Tous les jours ou presque (j’effectue pas mal d’audits et de formations d’auditeurs oui merci), je rencontre des auditeurs qui ont des pratiques expérimentées et qui (vous peut être) sont parfois difficiles à convaincre au sujet des excès de formalisation. Pas plus tard qu’hier (ou avant hier peut être), une dame ayant mis en place dans son entreprise une démarche ISO 9001, OHSAS 18001 et ISO 14001 s’entraînait à faire des audits intégrés QSE. Elle interroge un chef d’atelier au sujet d’une pratique d’enregistrement de ce qu’on appelle communément les « presqu’accidents ». Ceux qui pratiquent le management de la SST (santé et sécurité au travail) connaissent cela. Il s’agit de repérer des événements qui se sont produits et qui avec un peu moins de chances pour un intéressé auraient pu se transformer en un vrai accident. Un objet qui tombe d’un stock et qui s’écrase par terre sans blesser personne, un chariot élévateur qui manque de heurter un piéton, etc.
Cette dame examine le formulaire type et demande à voir quelques exemplaires de « presqu’accidents » enregistrés. Soit dit en passant, dans cette entreprise, ce type d’événement est nommé « Echappés belle » et je trouve cette appellation beaucoup plus évocatrice. Je l’ai volée et je vous la livre.
Le chef d’atelier s’exécute et la dame pousse un cri de triomphe en faisant constater que les imprimés utilisés ne sont pas les mêmes que celui du modèle. Le responsable a fait des photocopies d’un vieux formulaire sans faire attention à l’indice.
Déjà entre nous, au risque de choquer quelques uns, je puis vous avouer qu’on s’en fiche complètement que le chef utilise le formulaire XCB indice 3 au lieu du XCB indice 5. L’important est qu’il enregistre l’événement et surtout qu’il agisse ensuite pour informer et sensibiliser et prendre les dispositions pour que l’« Echappé belle » ne se transforme pas en catastrophe la prochaine fois. Ce qu’il fait d’ailleurs. Mais ce qui est pire c’est que ce brave homme s’est senti pris en flagrant délit. Il répondit à son auditrice :

• Ah oui, en effet, vous faites bien de me le faire remarquer, je n’ai pas pris le bon formulaire. Vous pouvez le noter dans votre rapport !

Qu’en pensez-vous ?
Moi, ça me terrifie ces maudites habitudes de traquer les écarts documentaires. Surtout que pendant ce temps, des chariots élévateurs grillaient allégrement des "stops" dans le dos de cette dame et des ouvriers déchargeaient des palettes sans les gants réglementaires.

Démantelant, non ?

1 commentaire:

lydie a dit…

Tout à fait d’accord et que penser des consultants qui croient que :
- 1 procédure, c’est 1 page de garde, 1 sommaire, 1 codification à rallonge
- que le blabla prime sur 1 logigramme bien structuré
- son métier est de prononcer des termes pompeux.
Il reste encore beaucoup à faire pour que qualité ne soit pas considérée comme 1 fonction à part dans l'entreprise.
Merci pour vos articles.