mercredi 14 octobre 2009

Le petit coin du philosophe : la performance.

« J’adore gagner mais je déteste que les autres perdent »
Cette phrase de François Cavanna (un de mes maîtres à penser) m’amène à philosopher un peu sur les choix des critères de performance que l’on peut adopter dans des organisations.
Exprimer une performance (ou des performances) en des termes de compétition avec les concurrents ou en terme de marché ne passionne que les managers et quelques cadres proches du pouvoir.
Pour ces managers en effet, la performance consiste très souvent à exprimer un rang par rapport aux autres. « Je veux être le numéro un de la production de cacahuètes du monde. »
Cette attitude est une réminiscence de l’école qui nous a appris, entre autres, ce que devait être la vie plus tard. Un champ de bataille, une jungle où le plus fort mange le plus faible. Nous avons retenu cette leçon. Pour s’en sortir, il faut travailler dur mais surtout, il faut être le meilleur. Je dois être le premier de la classe (ou le maître du monde).
La compétition en interne (entre chefs ou entre collaborateurs) ou en externe (avec les concurrents) n’est pas un facteur d’émulation et de motivation. Ceux qui croient encore aux vertus de la compétition sont les premiers de la classe. Nous allons dire : les trois premiers. Ensuite la grande masse des compétiteurs, ceux qui arrivent après, ne sont pas motivés par les résultats de la course (ils ne sont jamais montés sur le podium (qui ne comporte que trois places je le rappelle au passage)). Nous savons bien que, dans une compétition, il y a très peu de gagnants (qui profitent réellement des efforts fournis en termes de promotion ou de gain financiers). Tous les autres ont travaillé en pure perte. Sans récompense. Et cela, nous le savons tous depuis notre tendre enfance nous qui faisons partie de la masse des non gagnants (je continue à dire « nous » mais vous avez compris que je parle surtout de vous). En conséquence, nous en avons tiré une autre leçon, celle qui consiste à ne pas trop faire d’efforts lorsque nous sommes certains de ne pas figurer parmi les trois premiers de la course.

Cette manière d’exprimer la performance, outre qu’elle se complique du fait qu’il faut connaître celles des concurrents (ce qui implique une activité de veille, certes parfois utile mais pas toujours aisée) ne garantit pas la victoire parce que mes concurrents, hein, ils ne nous ferons pas de cadeau. Eux aussi vont se battre pour emporter la compétition.
Nous nous battrons aussi me dites vous et c’est le secret de l’amélioration.
Permettez-moi d’en douter.
Demandez autour de vous, dans vos bureaux et dans vos ateliers pourquoi les gens travaillent et ce qui les motive (si par hasard il existe un motif). Demandez à l’opérateur qui assemble des voitures sur une chaîne de montage chez PSA ou chez Citroën, s’il bosse pour que sa compagnie soit la première du monde.

Cette manière d’exprimer la performance se complique également du fait qu’elle doit préciser dans quelle catégorie je veux être le premier (Quantités produites, marges, effectifs, etc.) et de surcroît, ma performance (premier de la classe) dépend aussi de celle de mes concurrents que je dois connaître pour me comparer à eux. C’est un peu compliqué à gérer et, de plus, ce n’est pas motivant pour le personnel qui ne voit pas toujours de récompense à ses efforts si nous n’atteignons pas nos objectifs (si je suis second).

Personnellement, je préfère exprimer une performance en termes de progrès internes. Je me battrai contre moi même à la manière d’un sportif qui améliore sans cesse ses capacités. Dans ce cas, mes progrès dépendront uniquement des mes efforts et de mes capacités (celles de l’ensemble des personnels bien entendu).
Cela n’empêche pas de comparer mes propres résultats à celui des concurrents mais avec un état d’esprit de compétition différent.

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