lundi 1 septembre 2014

Organisation : c'est important ou c'est urgent ?



J'ai rencontré il y a quelques années le patron d'une PME de la mécanique dans laquelle je devais tester une méthode d'analyse de risques. Il m'avait été présenté par un confrère qui le connaissait bien et qui était certain d'une réponse affirmative pour effectuer ce test.

- C'est un type très curieux dans tous les sens du terme, à l'affut d'innovation et il est très disponible, ajouta-t-il avec un petit sourire en coin.

Il téléphona devant moi pour prendre rendez-vous et à ma grande surprise, il nous accorda l'après midi du lendemain.

- Effectivement, quelle disponibilité, fis-je remarquer.

Lorsque le test fut terminé, il nous consacra encore un peu de temps pour papoter de choses et d'autres et au cours de la conversation, je lui fis part de mon étonnement quant à la gestion de son temps.

- J'ai appris à me libérer des tâches quotidiennes en les déléguant à mes collaborateurs afin de me consacrer à plein temps à mon métier de manager, m'expliqua-t-il. Ce qui fait que, aujourd'hui, je n'ai aucune urgence à traiter. Je ne m'occupe que de choses importantes et essentielles. Et cela concerne bien évidemment la pérennité et le futur de mon entreprise. Je réfléchis, je m'informe, je surveille le monde, j'encourage à l'évolution de nos technologies, de nos méthodes d'organisation et j'essaie également de faire évoluer mes propres approches du management.

Lorsque nous sommes sortis de cet entretien, j'étais vraiment estomaqué par cette manière de fonctionner qui renforçait mes convictions qu'un manager est une femme ou un homme de l'avenir mais j'étais séduit aussi par cette simplicité et cette modestie. Comment avait-il réussi à se dégager aussi facilement des contingences du présent ?

Mon collègue me confia alors:

- Je le connais depuis longtemps et il m'a avoué le secret de cette attitude. En fait, il est atteint depuis plusieurs années d'une maladie grave et bizarre qui peut le tuer sans prévenir d'un instant à l'autre. Il a donc décidé que si un tel événement devait se produire, cela ne devait pas mettre en danger son personnel. Par conséquent, il a appris à ne plus être indispensable dans les activités quotidiennes et à faire son vrai métier. 
  

2 commentaires:

Anonyme a dit…

d ou l expression "avoir une vie exemplaire et une mort à ne pas suivre .... CC.

Xavier Marcadé a dit…

Bonjour Yvon,

Merci pour cette anecdote inspirante !

Voilà une réaction qui me rappelle qu'une entreprise ou une équipe n'appartiennent pas à leur manager, mais constituent un bien économique et social qui doivent lui survivre pour délivrer des résultats dans le temps.