La scène se passe dans le hall principal de la gare de
Dijon. A côté du marchand de journaux trône un piano noir. Il y en a dans la
plupart des grandes gares aujourd'hui. Un piano proposé aux virtuoses amateurs
qui veulent partager leur art (gasp !) avec le public en attente d’un train.
Déjà que la plupart du temps, ce que l’on t’inflige, ce n’est pas du
Petrucciani, ni du Nat King Cole, ni du Jerry Lee Lewis, tu m’as compris.
Mais
passons.
Ce n’est pas de cela que je voulais t’entretenir mais quand
même. Le piano dans un lieu public, cela part d’une bonne intention mais est-ce
raisonnable ? Est-ce que la mission de service de la SNCF est la promotion
d’artistes plus ou moins doués (plutôt moins à mon avis mais je n’ai pas l’oreille d’un
mélomane) ?
Le mécénat (avec tes sous je te le rappelle) serait-il une
compétence de cette belle institution ? Je te le demande aussi parce que
cela doit couter un peu de thune non ? Et surtout que la situation,
d’après ce que l’on en dit, n’est pas des plus florissantes dans le chemin de fer français.
Mais passons.
Là n’est pas la question et je reviens à ce qui m’a étonné.
Comme ce spectacle est destiné aux clients afin qu’ils trouvent le temps moins
long lorsqu’ils sont en attente de correspondance, la SNCF appliquant en cela
un des principes du management de la qualité, a décidé de consulter lesdits
usagers par le biais d’une borne installée à côté du piano.
Une question est
affichée sur la borne et on te demande si tu trouves que cette idée est bonne.
Tu as le choix dans tes réponses bien entendu.
Soit tu penses que « oui »
alors tu appuies sur un bouton rouge de type « bouton d’urgence » à
la forme de champignon, soit tu penses que « non » et tu es obligé
alors de sortir ton téléphone dans lequel tu as chargé l’application adéquate
car il n’y a pas d’autre bouton. Non, à la place il y a un flash code et si ta
curiosité (et si tu as le temps) t’y incite, tu flashes et cela t’emmène sur je
ne sais quel site pour exprimer ton avis s’il n’est pas affirmatif.
Là encore, je ne connais pas le cout de ces bornes
interactives mais bon, passons.
Ah, un dernier détail, le bouton rouge des « oui »
est placé assez bas pour que les enfants puissent jouer avec.
Ah bon, ils ont le droit de s’exprimer eux aussi ?
Ils sont fort à la SNCF en écoute clients !
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