C’est
la phrase que me répétait autrefois mon instituteur de primaire lorsque je
mélangeais allégrement dans mes exercices de calcul les mètres linéaires et les
décilitres. Nous avons pris l’habitude dans nos tableaux de bord de
comptabiliser des événements afin qu’ils nous renseignent sur notre efficacité.
Nous comptabilisons par exemple :
- Le nombre de réclamations des clients ;
- Le nombre de nouveaux clients acquis ;
- Le nombre de clients perdus ;
- Le nombre de commandes ;
- Le nombre de retards ;
- Le nombre de non conformités ;
- Le nombre de visites en clientèle ;
- Le nombre de devis ;
- Le nombre de demandes satisfaites ;
- Le nombre de suggestions d’amélioration ;
- Le nombre d’actions correctives ;
- Le nombre de nouveaux prototypes ;
- Le nombre d’erreurs de commandes ;
- Etc.
Nous
nous autorisons ces additions car les événements portent le même nom. Nous
additionnons des réclamations, des commandes, des retards.
Hélas,
si nous nous observons de plus près ces éléments nous constatons qu’ils sont
dissemblables. Nous distinguons des choux, des carottes, des betteraves rouges
et des poireaux. Mais nous les additionnons sans vergogne
- Un client perdu
avec un chiffre d’affaires de 10 euros est-il une même unité que le client qui
s’en va avec un chiffre d’affaire de 10000 euros ?
- Un retard de
livraison de trois jours chez un de nos plus gros clients qui attend sur nous
pour travailler est-il de même nature qu’un retard de trois jours chez un
client de moindre importance (pour notre CA) qui a encore un peu de stock à sa
disposition ?
- Un départ de
collaborateur qui suit son conjoint muté à l’autre bout de la France est-il le même
légume qu’un départ pour harcèlement ?
Dans
ces conditions, quelles informations attendons-nous de telles additions ?
Que
puis-je faire d’un indicateur qui affiche que mes commerciaux ont tous
effectués leurs cinq visites quotidiennes ? Sont-ils tous également
efficaces ? Non car les résultats en termes de marge et de chiffre
d’affaire sont différents. Quel est alors l’utilité d’un tel indicateur ? Que
m’apprend-il de plus sur l’efficacité de mes commerciaux que je ne connaisse
déjà de par leurs résultats ?
Une
visite chez un client n’est pas une unité de comptabilité.
Je
préfère qu’un commercial passe trois heures chez un client pour le convaincre
ou traiter un problème et qu’il revienne avec la commande du mois (même s’il
n’a pas fait son quota de visites quotidiennes) plutôt qu’un autre, qui n’est
pas en forme mais qui s’efforce de dire bonjour à ses clients pour que l’indicateur
du nombre de visites soit positif.
1 commentaire:
Je crois pouvoir dire que je suis d'accord. Ce qui compte c'est l'efficacité et c'est sidérant de voir le nombre d'indicateurs absurdes qui rendent les gens imbéciles et inefficaces. En revanche j'ai toujours trouvé intéressant de ne pas d'interdire de comparer les choux et les carottes.
C'est souvent de là que naissent des corrélations avec des idées neuves à la clé.
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